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Adios, recuerdos
22 avril 2012

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 C'était sans compter avec les vraies institutrices dont l'une me dira très sèchement que le Directeur de l'école emploie n'importe qui, même des gens sans le bac! Et vlan! Mon sang d'espagnole ne fait qu'un tour; une vague de haine, de honte s'empare de moi et je suis décidée à passer ce fameux bac; oui, mais j'ai trente-six ans et il y a dix-huit ans que je ne touche plus aux livres scolaires. J'écris donc aux professeurs de mathématiques et de physique chimie du CNTE en leur expliquant la situation: si je veux réussir mon bac A6, il faut que je réussisse du premier coup toutes les épreuves imposées pour ne pas avoir à passer l'oral de rattrapage avec ces matières; donc, qu'ils ne m'envoient pas les devoirs auxquels je ne comprendrais rien ni les corrigés qui ne m'en diront pas plus! Je vais mettre les bouchées doubles, travailler, apprendre, réapprendre l'anglais, l'espagnol, l'italien et le français tout en m'occupant de mes enfants, de la maison et de mes petits élèves. Pas évident tous les jours.

Quand le grand jour arrive, je pars avec ma petite voiture au Lycée Français de Tananarive où se déroulent les épreuves. Je suis la seule vieille au milieu de petits jeunots, je dirai même des gamins mais ça ne fait rien, je serre les dents. Quelques jours plus tard, dans cette même salle d'examen, on annonce les résultats: nous sommes deux à sortir de la classe avec le bac en poche et une mention: 14/20 pour moi. Je rejoins l'école en pleurant de joie et je dis à cette institutrice: « maintenant, je l'ai le bac, cela va changer quoi dans mon travail?»

Je l'ai quand même remerciée car sans cette estocade, j'ignore si je ne me serai pas endormie sur mes lauriers! Lorsque mes enfants passent en primaire, j'ai moi aussi obtenu un poste et je vais pouvoir les suivre encore un peu; d'autre part, je me prends au jeu et je fais beaucoup de recherches pour varier au mieux mon enseignement et ne pas ennuyer ces bouts de choux mais leur donner le goût d'apprendre. Mis à part les enfants des coopérants français qui sont des enfants hyper gâtés, les petits malgaches, pas les fils de ministres ou de directeurs de toutes sortes, mais les pauvres dont les parents se saignent les veines pour qu'ils apprennent dans nos écoles; ceux-ci viennent à l'école parce qu'ils le veulent et pour apprendre et non pas par obligation. C'est un plaisir de travailler pour eux: ils en veulent toujours plus. Mon mari établira contre mon gré une fiche de salaire pour les bonnes et mauvaises notes: il paiera en fonction de ces notes ou cela deviendra du négatif en dessous de la moyenne et ils rembourseront. J'en suis estomaquée et lorsque les carnets arrivent, cela devient des comptes d'apothicaire quand ce n'est pas: tu as eu 18 et pourquoi pas 20????????? Ce qui devait arriver arriva: Gérald trafiqua ses notes et cela me ramena vingt ans en arrière. Comme j'étais dans l'école, sa maîtresse m'apporta le fils et son carnet et nous réglâmes l'incident; je ne pense pas avoir été plus sévère que nécessaire, connaissant le pourquoi et le comment.

 

 

 

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