Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Adios, recuerdos

2 février 2013

Publication de mon manuscrit

Bonjour à tous et toutes, 

je n'aurais jamais cru pouvoir y arriver mais c'est fait; je vous envoie en annexe les photos de ma publication. N'hésitez pas à me contacter et surtout à me dire ce que vous en pensez; je sais que je ne suis pas écrivain: à 72 ans ça se saurait!!!!

le titre de mon livre: Adios Recuerdos

le nom d'auteur: Pilar Peña de Castro

à bientôt

Publicité
Publicité
9 mai 2012

33

 Voilà pourquoi, lorsque mon mari me disait: tu ne crois pas quand même que tu nous apportes la civilisation! Cela me faisait très mal car je pensais seulement faire bien ce que j'avais à faire; les petites phrases sibyllines commençaient ou plutôt continuaient à me déstabiliser petit à petit; je n'étais bien qu'à l'école. Au moins là, on m'appréciait. Je me souviens d'un différent que j'eus avec la fille d'un professeur français du Lycée qui avait voulu que j'ai sa fille mais qui ne voulait pas que je la punisse. Il était allé raconter à tous les profs du lycée comment je traitais «les» enfants! Tous les instituteurs et les institutrices de l'école, je dis bien tous, rédigèrent une lettre qu'ils transmirent au proviseur du lycée afin que cesse la cabale dirigée contre moi; mon mari qui cite très souvent Galilée me disait que cela ne voulait pas dire qu'ils avaient raison! Et oui! Et pourtant elle tourne! Il était devenu égocentrique, il n'y avait que lui qui faisait bien puisqu'il mettait son argent à la bourse et qu'apparemment il gagnait; autant dire que je n'avais plus du tout droit à la parole. Je ne le reconnaissais plus ; il ne fallait lui adresser la parole tant qu'il n'avait pas pris son petit déjeuner que je préparais toujours et ensuite il partait au travail; quand il rentrait, il n'avait jamais rien à me raconter, je ne m'en apercevais même pas puisque moi je lui racontais ma journée. Je me souviens d'un apéro entre chefs et chefaillons auquel je dus participer. La première, la seule, l'unique, la plus maline,la plus intelligente des secrétaires, celle du grand chef mariée à une anglaise qui n'était jamais là mais en Espagne ou en Angleterre (ils finiront leurs vieux jours en Espagne!Tiens donc, c'est bien l'Espagne?). Elle s'approcha de nous et je lui demandais si son mari était malade car je ne le voyais pas. Elle regarda mon mari, eut un drôle de petit sourire et répondit: oui, il a mal à la tête! Dans cette boite on me prenait vraiment pour une imbécile ou pire.

Mon mari était payé en FMG (francs malgaches), moi en France. Il se fit prendre par la police secrète qui surveillait de près tous les transferts de fonds. La police secrète débarqua à la maison, fouilla partout, ne trouva rien mais emmena tout de même mon mari aux arrêts. Devinez qui vint à la maison? Le patron et sa secrétaire qui avait pour ami le chef de cette police secrète. Que croyez-vous qu'il se passa? Elle le fit libérer sur le champ! Allez ensuite critiquer peu ou prou cette manipulatrice qui traitait son mari journaliste de façon très vulgaire comme la cinquième roue du carrosse. J'apprendrais par la suite et je ne sais par qui qu'ils avaient divorcé. Elle était donc libre de ses mouvements . C'est à partir de là que commencèrent séminaires et autres voyages de travail payés par le Chef en remerciement du travail bien fait; cela ne se refuse pas. Je me retrouvais seule avec mes trois enfants pour mon anniversaire pendant qu'il profitait des bateaux mouches sur la Seine! Puis ce furent le Kenya, entre gens, hommes et femmes du même monde, pendant dix à quinze jours puis cerise sur le gâteau, le Japon. Afin que je ne puisse pas demander un congé sans solde et partir avec lui, je ne le sus que deux ou trois jours avant. A son retour, il ne me montra aucune photo mais me rapporta une perle; j'ouvris le paquet sans enthousiasme, admirais la perle puis la reposais dans sa boite et la laissais sur la table. Ce ne fut sans doute pas très agréable pour lui mais il ne pouvait pas décemment s'attendre à autre chose.

 

 

 

 

33

3 mai 2012

32

 Nos voyages en France et à l'étranger étaient remplis de découvertes mais ensuite il fallait passer deux ans à Madagascar et ça c'était le côté le moins gai. Je sais bien, tous ceux qui sont allés à Mada vous ont parlé de la gentillesse des malgaches, toujours souriants au milieu de tant de misères; c'est en partie vrai mais moi qui ait vécu avec eux plus de trente ans, j'ai appris ce que dissimulaient tous ces sourires. Si vous leur donniez quelque chose, ils pensaient: si tu me donnes ça, c'est que tu as encore beaucoup plus, donc ça ne te gêne pas et tu peux me donner autre chose! Lorsque j'allais au zooma, j'étais la dame de la 3003....( n° de ma voiture) et ils savaient que dans le sac en plastique que je leur donnais, il y avait tout ce que mes enfants ne mettaient plus parce qu'ils avaient grandi; cela ne les empêchera pas un autre jour de marché d'arracher à ma fille une broche qu'elle avait dans ses cheveux! Vous ne savez jamais de quel côté va arriver le voleur et à ce jeu d'adresse vous ne faites pas le poids; donc il faut trouver des astuces: je m'étais cousu un sac en toile assez long pour contenir un chéquier ou des billets, avec des lanières que je nouais autour de ma taille, sous le chemisier et dans le pantalon; plus jamais on n'a pu me voler! Qui plus est, j'enlevais bagues et alliance pour ne pas attirer le regard; je crois hélas que maintenant c'est ce qui se passe dans tous les pays du tiers monde et on ne peut vraiment pas leur en vouloir; on doit s'estimer heureux d'être nés du bon côté! Pour le reste, je m'investissais dans mon travail, cherchant toujours des nouveautés pour ne pas ennuyer mes élèves; j'étais considérée par eux comme une maîtresse sévère mais juste et rigolote car dès que je sentais un relâchement dans l'attention, je sortais une grosse vanne et je les laissais rire pendant cinq minutes puis nous reprenions ou passions à autre chose pour le plus grand bien de tous; passionnée de mots croisés, je leur en préparais des tas pour la conjugaison, l'orthographe, le vocabulaire, que je laissais sur mon bureau et où ils pouvaient venir se servir dès qu'ils avaient fini un exercice; tout était naturellement corrigé et ils aimaient ça. Pour l'histoire ou la géographie,je mis également mon grain de sel: je me refusais à apprendre à des petits malgaches que leurs ancêtres étaient gaulois! Leurs ancêtres s'appelaient le roi Andrianapoinimerina, 1787-1810, Radama 1er, 1810-1828,la reine Ranavalo1ère, 1828-1861, Radama II, 1861- 1863, RanavaloII, 1863-1868, Rasoherina, 1868-1883, Ranavalo III , 1883-1897. Pourquoi aurait-il fallu que je fasse abstraction de cette histoire?Ils en sont aussi fiers que nous de notre Louis XIV ou Napoléon! J'avais une conception de mon métier qui m'interdisaient de raconter des bobards à des enfants qui sont toujours prêts à vous croire.

Je fis la même chose en apprenant la géographie de Madagascar. Pendant out le premier trimestre, je faisais au tableau en même temps que mes élèves sur leur cahier les cartes des six provinces du pays: 1 – Tana – Antananarivo, 2 – Diego-Suarez – Antsianana, 3 -Fianarantsoa- Fianarantsoa, 4 – Majunga – Mahajanga, 5 – Tamatave – Tomasina, 6 – Tuléar – Toliara; C'était succinct, une leçon par semaine et il me restait suffisamment de temps pour la géographie de la France. De la part des parents, je n'ai eu aucun reproche et même un des inspecteur qui passa trouva très bien mon initiative mais bien sûr je n'étais pas suivie dans les classes suivantes. Tant pis, je n'avais pas besoin de leur soutien. Ah! L'orgueil espagnol!!!!!

 

 

 

32

2 mai 2012

31

 Nous essayons en vain de lier conversation mais rien n'y fait: une jeune fille nous sert le repas au restaurant sans desserrer les lèvres. Une seule fois, un monsieur dans un ascenseur nous dit: Vous êtes français? Elle est ravissante votre petite fille! Mais lorsque mon mari lui pose une question, il ne répond pas. Nous allons à Brno, voir les parents de nos amis tchèques; ce sont deux adorables personnes âgées totalement terrorisées par le régime; lorsque nous arrivons, ils ferment les volets, ferment les fenêtres et nous font signe de parler tout doucement car tout le monde se méfie de tout le monde; c'est terrible de se rendre compte de cette situation. Nous allons avec eux faire une promenade mais dès le lendemain nous retrouvons le papa de nos amis tremblant car il est appelé par la police qui va lui demander qui nous sommes, pourquoi nous sommes là, que sommes-nous venus faire; ils veulent voir nos passeports; nous devons être très évasifs même vis-à-vis des proches voisins; je garde un souvenir très pénible de ce pays alors que les tchèques sont un peuple cultivé, appréciant l'opéra; nous ne donnerons à ces parents que de bonnes nouvelles de leurs enfants en Suisse; un frère resté là-bas est chirurgien; il a pu venir voir sa sœur en Suisse car il avait sous son bistouri un haut placé qui voulait pouvoir se réveiller; ce n'est que la stricte vérité et ça, ça m'a fait bien rigolé.

Lorsque nous sommes repartis après avoir visité d'autres villes, nous ramenions un service de table que nous avions installé sous le siège arrière recouvert d'une couverture énorme où Nellie dormait, en espérant que nous n'aurions pas d'ennuis pour si peu de chose. Le voyage se passa sans encombre; nous avions liquidé nos dernières couronnes tchèques. Pas très loin de la frontière, nous tombons sur un feu orange; nous faisons attention, nous attendons qu'il passe au vert, mais les minutes passent sans qu'il change de couleur; tant pis pour l'orange! En faisant très attention, nous nous dirigeons enfin vers la douane tchèque; la grande fouille de la voiture va commencer mais avant cela, on nous signale que nous avons brûlé un feu et que nous devons payer une amende! nous n'avons que de l'argent français! C'est très bien, payez avec!!!!!!! Les voleurs!!!!! Le capot est ouvert, le coffre est ouvert, un miroir est passé sous la voiture avec beaucoup d'attention mais comme Nellie dort sur la banquette, ils ne regardent pas et nous pouvons passer en Allemagne où une dame nous interpelle: «Vous revenez de Prague? Est-ce que l'on peut entrer avec une carte d'identité? Quelle naïveté! Nous passerons en Suisse pour remettre à nos amis leurs souvenirs et leur parler un peu de leurs parents. Et puis ce sera Paris où nous resterons une quinzaine de jours pour faire les derniers achats avant de repartir vers ce tiers monde qui nous attend et que je ne retrouve pas avec plaisir sauf mon école où je m'investis de plus en plus.

Un autre voyage vers le Nord de l'Europe nous fera découvrir le Danemark, Copenhague et sa petite sirène sur le port, ses toits cuivrés qui brillent au soleil et nos stratagèmes pour savoir ce que l'on va manger puisque il faut appuyer sur un bouton et voir ce qui sort à l'autre bout!!!! Donc nous suivons plusieurs personnes pour deviner ce qu'ils vont manger et on tente le coup; autre chose de rigolo, quand nous passons la frontière, une route large, droite, des arbres et des arbres puis un petit chalet en bois! Waouh! Que c'est joli! Au bout de cent kilomètres on trouve ça moins joli et lorsqu'on visite la ville avec un bus touristique le guide nous montre les femmes se bronzant au soleil en maillot sur les places vertes de la ville: c'est l'étalage de boucherie le plus grand de la ville!!!!!

 

 

31

26 avril 2012

30

 La société de mon mari nous paie un voyage en France tous les deux ans et je vais pouvoir revoir mes parents. Ce ne sera pas toujours facile mais j'en ai vraiment besoin car la vie à Tananarive n'a rien de folichon. Entre les moustiques voraces et la quinine que l'on est obligé de prendre pour éviter le paludisme même si elle vous attaque les yeux et le manque de distractions, au bout d'un certain temps vous commencez à dépérir. C'est Venant qui choisit toujours la destination du voyage puisque c'est lui qui paie; moi, je réglerai certaines dépenses mais étant donné qu'il gagne le double de mon salaire, je me dis que le plus gros lui revient. Nous allons faire de magnifiques découvertes: La Réunion d'abord avec son métissage, son volcan, ses muezzins, cette petite France, pour moi un plaisir, car je vais pouvoir faire les magasins de tissus, en acheter pour ramener à Tana car un parent d'élève m'a donné l'adresse d'une couturière qui habite pas très loin de chez nous à Ivandry et qui se révèle être une perle: travail soigné à la perfection; jusqu'à ce que je quitte Madagascar, elle m'habillera de pied en cape; et puis nous ramenons aussi certaines choses que l'on ne trouve pas à Tana: fromages surtout. Mais surtout nous essayons de nous retrouver un peu; nous logeons au VVF (Village Vacances Familles), c'est le moins cher mais nous bénéficions de la mer et de la piscine plus quelques petits restaurants chinois pas mal du tout. Nous y retourneronssouvent. Par compte, lorsque nous partons en Europe, après avoir passé quelques jours avec mes parents, chez eux ou dans un meublé, nous continuons la visite des pays du Nord et de l'Est. Nous ne prévoyons rien car mon mari a remarqué que rien ne se passe comme prévu quand nous prévoyons les arrêts ici ou là. L'aventure, c'est l'aventure. Une fois, nous irons en Suisse d'abord retrouver des amis Tchèques qui ont travaillé avec nous en Algérie et qui nous demanderont d'aller voir leurs parents qui sont restés là-bas quand eux ont fui en exil. Nous traverserons l'Allemagne et entrerons avec beaucoup de difficultés dans ce pays ; à croire que nous sommes tous des espions à la solde des Etats-Unis et l'on nous fait attendre plusieurs heures pour finalement entrer par une autre porte. Nous rejoindrons Prague où nous verrons tous les visages fermés, muets, pas un sourire, c'est angoissant. Il faut dire qu'en 1 969, Jan Palatch s'est immolé par le feu sur la place Venceslas à Prague mais comme cette place est complètement murée afin que l'on ne puisse rien voir, je demande à un guide comment faire pour voir cet emplacement ; la réponse est froide,sèche : aucune possibilité!Circulez, y'a rien à voir. Dans un magasin de jouets, je vois une très jolie poupée tchèque que Nellie gardera et garde encore aujourd'hui; je rentre dans le magasin et avec de grands gestes, je montre dans la vitrine la poupée que je veux. Désolée, il n'y en a plus en stock !!!!!!! je n'en veux pas une autre, je veux celle-ci. Pas possible !!!!!!!! Donnez-moi celle de la vitrine. On ne peut pas défaire la vitrine ; avec le sourire mais avec la rage au ventre, j'ouvre la vitrine avec son aide, je prends la poupée que je mets sur le comptoir, attrape au passage une autre poupée que la vendeuse va mettre à la place de l'autre!!!!!!!!Seigneur, quel boulot!Je comprends que les gens ne mettent pas une once de bonne volonté pour régler les problèmes, parce qu'ils luttent silencieusement contre les russes qui ont arrêté Dubcek qui commençait à faire des réformes pour le peuple.

 

 

30

Publicité
Publicité
25 avril 2012

29

 Ma vie et celle de mes enfants va prendre une autre tournure à partir de mon entrée dans l’Éducation Nationale avec des hauts et des bas mais bien plus de bas que de hauts que j'essaierai de dissimuler tant bien que mal, avec des situations comiques si elles n'étaient pas tragiques, du style: Je demande à la BNP Paribas où mon mari a ses comptes d'ouvrir un compte à mon nom; réponse: vous n'en n'avez pasbesoin puisque Monsieur gère très bien vos avoirs. Je n'en doute pas mais je veux quand même un compte à mon nom; c'est inutile et cela va vous coûter de l'argent! Je ne vous ai pas demandé de réfléchir pour moi, j'ai un cerveau pour ça! Devant mon insistance et Monsieur qui rajoute: c'est une tête de mule alors ouvrez lui un compte; O.K. Mais je veux aussi une carte pour pouvoir retirer de l'argent; là, le bas commence à blesser....Ne va-t-elle pas s'acheter des sacs, des chaussures, des choses qui ne servent à rien au lieu d'amasser pour nos vieux jours? Il n'empêche, l’Éducation Nationale ne connaît pas mon époux car c'est moi qui travaille donc elle verse les salaires sur un compte à mon nom! Victoire! C'est une première semi victoire car je dois lui rendre des comptes et chaque samedi ou dimanche devient vite un enfer lorsqu'il sort du bureau de la maison, renfrogné, pour dire qu'il n'y a que lui qui rapporte et que je ne fais que dépenser. Merci! Du coup, je vais donner des cours particuliers très recherchés car j'y mets tout mon courage comme d'habitude; je les fais payer très chers, tarif syndical en France, ce qui représente une montagne d'argent pour Madagascar; seulement, j'ai remarqué que l'on me demandait de donner des cours à des élèves français qui n'en avaient aucun besoin; seulement la maman était au golf ou au tennis et ne pouvait se charger de son fils ou de sa fille; comme on me prenait pour la bonne, j'allais leur faire sentir qu'une bonne vazaha coûtait très cher; lorsque je suis rentrée en France, j'ai pu me payer une cuisine toute équipée avec les derniers modèles de cuisson, canapé et fauteuils en cuir, tapis et tables d'agrément qui me plaisaient, sans toucher à mes salaires qui ont été utilisés pour payer l'eau, le gaz et l'électricité, le bois de chauffage pour l'hiver, le téléphone et je garde précieusement toutes les factures depuis des années; pour quelqu'un qui ne savait pas compter, je m'estime pas mal dégourdie. Tout est bien classé, répertorié car je me méfie de ce que l'on peut vouloir me faire dire. Même chose à la BMOI de Tananarive (Banque Malgache de l'Océan Indien) j'ai bien un compte mais je ne peux pas retirer de l'argent dessus!! Ne me demandez pas pourquoi mais ce jour là, j'ai, vulgairement parlant, pété un plomb, je me suis assise devant le bureau du chefaillon qui me refusait ces exécutions jusqu'à ce qu'il sorte et je l'accostais en lui disant s'il fallait que je le poursuive au tribunal pour avoir gain de cause! Pourquoi aurait-il, lui, plus de droit que moi sur MON argent; après lui avoir dit que j'allais de ce pas porter plainte auprès de mon ambassade, il se radoucit et il n'y eu plus aucun problème. Ne montre pas que tu as peur de quoi que ce soit, montre tes crocs!

 

 

29

22 avril 2012

28

 C'était sans compter avec les vraies institutrices dont l'une me dira très sèchement que le Directeur de l'école emploie n'importe qui, même des gens sans le bac! Et vlan! Mon sang d'espagnole ne fait qu'un tour; une vague de haine, de honte s'empare de moi et je suis décidée à passer ce fameux bac; oui, mais j'ai trente-six ans et il y a dix-huit ans que je ne touche plus aux livres scolaires. J'écris donc aux professeurs de mathématiques et de physique chimie du CNTE en leur expliquant la situation: si je veux réussir mon bac A6, il faut que je réussisse du premier coup toutes les épreuves imposées pour ne pas avoir à passer l'oral de rattrapage avec ces matières; donc, qu'ils ne m'envoient pas les devoirs auxquels je ne comprendrais rien ni les corrigés qui ne m'en diront pas plus! Je vais mettre les bouchées doubles, travailler, apprendre, réapprendre l'anglais, l'espagnol, l'italien et le français tout en m'occupant de mes enfants, de la maison et de mes petits élèves. Pas évident tous les jours.

Quand le grand jour arrive, je pars avec ma petite voiture au Lycée Français de Tananarive où se déroulent les épreuves. Je suis la seule vieille au milieu de petits jeunots, je dirai même des gamins mais ça ne fait rien, je serre les dents. Quelques jours plus tard, dans cette même salle d'examen, on annonce les résultats: nous sommes deux à sortir de la classe avec le bac en poche et une mention: 14/20 pour moi. Je rejoins l'école en pleurant de joie et je dis à cette institutrice: « maintenant, je l'ai le bac, cela va changer quoi dans mon travail?»

Je l'ai quand même remerciée car sans cette estocade, j'ignore si je ne me serai pas endormie sur mes lauriers! Lorsque mes enfants passent en primaire, j'ai moi aussi obtenu un poste et je vais pouvoir les suivre encore un peu; d'autre part, je me prends au jeu et je fais beaucoup de recherches pour varier au mieux mon enseignement et ne pas ennuyer ces bouts de choux mais leur donner le goût d'apprendre. Mis à part les enfants des coopérants français qui sont des enfants hyper gâtés, les petits malgaches, pas les fils de ministres ou de directeurs de toutes sortes, mais les pauvres dont les parents se saignent les veines pour qu'ils apprennent dans nos écoles; ceux-ci viennent à l'école parce qu'ils le veulent et pour apprendre et non pas par obligation. C'est un plaisir de travailler pour eux: ils en veulent toujours plus. Mon mari établira contre mon gré une fiche de salaire pour les bonnes et mauvaises notes: il paiera en fonction de ces notes ou cela deviendra du négatif en dessous de la moyenne et ils rembourseront. J'en suis estomaquée et lorsque les carnets arrivent, cela devient des comptes d'apothicaire quand ce n'est pas: tu as eu 18 et pourquoi pas 20????????? Ce qui devait arriver arriva: Gérald trafiqua ses notes et cela me ramena vingt ans en arrière. Comme j'étais dans l'école, sa maîtresse m'apporta le fils et son carnet et nous réglâmes l'incident; je ne pense pas avoir été plus sévère que nécessaire, connaissant le pourquoi et le comment.

 

 

 

28

20 avril 2012

27

 Nellie est en maternelle depuis deux ans et Gérald va y faire son entrée. Comme je ne veux pas rester à la maison sans rien faire, je sollicite auprès du Directeur de l'Alliance Française un poste d'institutrice en lui décrivant mon parcours et il accepte de me confier une classe, ce qui me comble de joie; je vais pouvoir être avec mes enfants, les surveiller d'un œil, pendant que je ferai tout pour mes petits élèves. Mais il faut dire que je n'ai pas fini d'avoir des problèmes: je me retrouve enceinte pour la troisième fois et là je décide que je n'en veux pas, que je veux faire quelque chose d'autre de ma vie. J'en parle à Venant qui rugit, hurle, m'humilie de gros mots, me fourre ses doigts dans le sexe pour me montrer combien cela va me faire mal si je le fais; même sous la douleur, je ne cède pas; je vais voir un gynécologue qui a avorté la femme de René et lui demande de faire la même chose pour moi; il me répond que je dois d'abord faire les premiers gestes afin de créer une fausse couche!! Je vais donc un soir avec mon mari voir je ne sais plus qui mais je sais que ça se passe à l'arrière d'une sorte d'infirmerie. Je dois attendre le lendemain pour le déclenchement de la fausse couche pour être prise en main dans une clinique et soignée. Je ne veux même pas savoir si c'était une fille ou un garçon, je sais que je ne l'aurais pas aimé et il n'était en rien responsable. Mon mari m'en voudra à mort, prétendant que c'est parce que je l'ai trompé que je me suis faite avortée. Je n'y prête aucune attention étant donné que je suis sûre de moi mais peut-être cela l'arrange -t-il d'évoquer ce que lui-même me fait en douce; comme ça il dira que nous sommes quitte! Par contre, j'insiste sur la pilule et je demande au gynécologue de me donner une ordonnance pour acheter la pilule contraceptive; après plusieurs essais, nous trouvons le bon dosage et je repars travailler avec plus d'ardeur. C'était sans compter avec l'inimitié d'une collègue qui me dit que le directeur embauche n'importe qui, même des gens sans le bac! Et vlan! Une vague de rage, de honte, m’inonde et je décide de m'inscrire au CNTE. Pour le fun de l'histoire, je demanderai aux professeurs de math et de physique de ne pas m'envoyer des devoirs auxquels je ne comprendrais rien, ni de corrigés aussi incompréhensibles pour moi; ce qu'ils feront. Je dois réussir du premier coup à l'écrit pour éviter ces matières à l'oral; je ne peux compter que sur les langues: français, anglais, italien, espagnol, plus une question d'histo-géo. Pendant un an, je travaillerai d'arrache-pied, ré-apprenant, relisant des cours encore et encore; lorsque le grand jour arrive, je suis la seule vieille qui passe l'examen; trente-six ans au milieu de tous ces petits jeunes. Je vais faire le maximum.

 

 

 

27

17 avril 2012

26

 Je me souviens de l'avoir frapp�e violemment tant

j'�tais hors de moi, pas contre elle mais parce qu'elle �tait la seule que j'avais

sous la main; elle avait des bleus lorsque son p�re arriva. Comme il lui

demandait ce qui �tait arriv�, elle lui raconta qu'elle �tait tomb�e dans les

escaliers, le�on bien apprise et bien r�cit�e, j'en ai encore honte aujourd'hui

et je lui redemande pardon. Pourquoi n'ai-je pas quitt� mon mari � cette

�poque l�? Parce que j'�tais seule, en terrain �tranger, sans aucune

connaissance, sans argent car je n'avais pas de compte � moi: � cette �poque

les femmes n'avaient pas beaucoup de poids; j'ignore, je ne me souviens pas,

je ne sais pas comment j'ai fait pour continuer mais je l'ai fait mais il fallait

que �a change. Je tombais enceinte une nouvelle fois deux ans et cinq mois

apr�s Nellie: il n'y avait pas de pr�servatifs, pas de diagrammes, pas de

st�rilets, pas de pilules. Laissons la nature faire les choses!! je consultais un

m�decin qui avait tout du v�t�rinaire, sans rigoler! Comme je fumais d�j�, je

lui demandais, pour me culpabiliser plus que pour autre chose si je pouvais

continuer: pas de probl�me, pas plus de douze cigarettes par jour! On croit

r�ver. Il me pr�dit des jumeaux, rien que �a et le jour de l'accouchement, il

r�pondit qu'il arrivait mais c'est la bonne soeur de la clinique qui ne le voyant

pas arriver prit les choses en main et me cisailla pour laisser venir au monde

mon petit G�rald, tout l'air d'un chinois, les yeux ferm�s ou brid�s �

l'extr�me, une �paisse chevelure noire,raide; lorsqu'enfin il arriva, apr�s la

bataille, il maudit ceux qui ne l'avaient pas pr�venu, c'est �a , je te crois. Il

me fit une piq�re pour arr�ter la mont�e de lait et une piq�re de p�nicilline

contre l'infection bien que je lui signale que j'�tais allergique � la p�nicilline.

Un vrai boucher, seulement l� pour toucher des honoraires; je d�ciderai en

mon for int�rieur qu'il n'�tait pas pr�t de me revoir. Les choses se tass�rent,

j'avais deux poupons adorables, une fille et un gar�on, le choix du roi, et je

demandais � mon mari d'utiliser la pilule ou autre chose; il me r�pondit qu'il

n'y avait que les putes qui se servaient de �a, donc...ce fut rien!

J'essayais d'aider mes deux bambins pour leur entr�e en classe maternelle et

leur trouvais des jeux �ducatifs que j'utilisais du mieux possible.

Sur ces entrefaites, la petite soeur de Venant se maria

et l'on me demanda de faire la robe de mari�e! Rien que �a! Entre faire un

pantalon ou une robe pour moi ou mes enfants et une robe de mari�e, il y a

un ab�me que je ne voulus pas franchir. Bien m'en prit! Lorsque le jour de

mariage arriva, il fallait �tre aveugle pour ne pas voir que la mari�e �tait

enceinte. Je m'�tais fait un pantalon et une veste, un ensemble pour mon

dzolamboto* et une jolie robe blanche pour ma Nellie. Le reste m'importait

peu, chacun avait sa vie et celle-ci ne me regardait pas.

Dzolamboto : voyou gentil

26�

 
17 avril 2012

25

La vie va prendre pour moi une tournure bizarre

mais que toutes les femmes au foyer connaissent: s'occuper du mari, des

enfants, de la maison, et ne croyez pas que ce soit si simple d'avoir tout le

temps chez vous une femme de m�nage car � partir de l�, vous n'aurez plus

le droit de vous plaindre puisque vous n'avez rien � faire ou que vous ne savez

pas la dresser! Nellie et moi, nous allons faire de notre mieux pour nous

entendre, nous comprendre; il m'arrivera m�me de mettre � la porte l'a�n� de

ses soeurs qui arrivera avec deux autres donzelles pour que je leur offre un

caf� alors que j'�tais sur le point de donner le bain � Nellie; la rage de les voir

pomponn�es, maquill�es alors que j'�tais comme tous les jours me fit r�agir

violemment; sa soeur s'empressa alors d'aller se plaindre chez son fr�re qui lui

r�pondit que j'�tais chez moi et que je recevais qui je voulais! Ouf! J'avoue

que j'ai hautement appr�ci� cette r�ponse et que sa soeur n'est plus revenue;

je dois dire aussi qu'aucun membre de la famille ne l'appr�ciait beaucoup �

cause justement de son comportement. Comme j'avais beaucoup de temps

libre, je m'�tais lanc�e dans la couture et le tricot et toutes les robes de ma

fille, je peux dire que c'est moi qui les ai faites; je me lan�ais aussi dans des

robes pour moi et des pantalons et gr�ce aux patrons de Burda, je me

d�brouillais pas mal. Lors d'un ap�ritif chez le patron, avec toutes ces

dames, �pouses des chefs et sous-chefs, on me demanda ce que je faisais

comme activit�s; na�vement, je r�pondis couture et tricot, ce qui fit bien rire

tout le monde! Et alors, le tennis, le golf, �a ne vous dit pas? Je les aurais

bouff�es! Vous comprendrez qu'apr�s �a, je n'ai eu gu�re envie de revoir ces

dames, ce qui fait aussi que je ne pouvais esp�rer avoir une compagnie

agr�able pour moi; donc c'�tait maison, jardin et re-maison, re-jardin. L�

commen�a mon malheur. Je dus faire une visite chez un m�decin qui

m'annon�a froidement que j'avais la chaude pisse mot que j'ignorais

totalement; je lui demandais na�vement ce que c'�tait et il me dit que c'�tait

une maladie v�n�rienne! Je comprenais � peine ce qu'il me disait et insistait

sur une explication nette: si vous n'avez pas eu de rapport avec un tiers, c'est

votre mari qui vous a pass� cette maladie sexuellement transmissible! Le

monde s'�croulait. Nous devions recevoir lui et moi des antibiotiques et je

passais par son bureau pour lui montrer l'ordonnance; comme un malheur

n'arrive jamais seul, je le trouvais en train de danser avec une secr�taire qui

�tait plus qu'une secr�taire pour le patron mais un chef malgache, �a a son

charme; ses employ�s me virent et le pr�vinrent...trop tard, j'avais vu; il me

raconta qu'il s'amusait un peu, quelle chance il avait de s'amuser et quand je lui

fis voir l'ordonnance du m�decin tout ce qu'il trouva � dire c'est que le

toubib �tait un c.. et qu'il ne m'avait jamais tromp�! Pourquoi devrais-je le

croire plut�t que le m�decin; j'appelais ma soeur et lui en parlais; elle

confirma la MST comme on les appelle maintenant. Quant � mon mari, il

�tait dans ses petits souliers et ne savait quoi faire pour me faire croire � son

innocence: erreurs d'analyses...incomp�tence...Je ne l'ai pas cru et je devins

plus solitaire encore; m�me ma fille n'arrivait pas � me faire penser � autre

chose; qui plus est, je devenais injuste avec elle.

Publicité
Publicité
1 2 3 4 5 6 > >>
Adios, recuerdos
Publicité
Archives
Publicité