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Adios, recuerdos
24 mars 2012

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 Quelquefois, il poussait le bouchon un peu loin mais c'était mon père! Il avait le goût des voitures et en avait toujours, qu'elles roulent bien ou mal. Je ne sais plus le nom de celle qui me revient en tête, carrée; on montait à quatre, cinq, six, il y avait toujours une guitare qui dépassait par une fenêtre et tout le monde chantait là-dedans; à la maison, nous n'avions pas de réfrigérateur, on mettait le beurre dans de l'eau sur le rebord de la fenêtre pendant la nuit, il n'y avait pas machine à laver, ma mère usait ses mains gercées dans un ruisseau qui passait près de la maison et elle portait son linge dans des balles excessivement lourdes à porter, je le sais pour l'avoir aider lorsqu'elle revenait épuisée, mais quelquefois, nous étions dix, onze, douze ou treize assis en rond dans cet appartement et tout le monde riait et était heureux; plus tard, lorsque nous eûmes la possibilité d'avoir un peu plus de choses, cela se dégrada et je ne connus plus mes parents aussi heureux qu'à cette époque là: il ne fallait pas salir, pas faire de bruit, faire des économies; nous devenions des gens posés, posés sur quoi?

La Peugeot 202 qu'il prit une fois pour me ramener de la colonie de vacance avait eu une panne et le moteur se mit à brûler! Rien que ça! Avec des branches de fougères trouvées sur le bord de la route, tout le monde éteignait ce début d'incendie quand une voiture de la gendarmerie passa et s'arrêta:

  • Bonjour Messieurs dames, Gendarmerie Nationale, vous avez un problème?

  • Pensez-bous, c'é rrrrien, merrrrci

  • Ah, vous n'êtes pas français! (ce qu'il ne fallait pas dire!)

  • Comment ça? Qué moi yé né souis pas francèsss?

  • Vos papiers s'il vous plaît, Monsieur!

Dans mon coin, je murmurais à mon père d'y aller doucement, ils ne faisaient que leur métier. Mon père sort ses papiers qu'il présente fièrement aux gendarmes; sur ces papiers, il est dit que les républicains espagnols ont les mêmes droits que les français et il n'était pas peu fier de les avoir ces droits; après tout, d'après le livre de Evelyn Mesquida, préfacé par Jorge Semprun, le 24 août 1944, c'étaient des républicains espagnols qui descendaient les rues de Paris avec les chars de Leclerc de Haute cloque et ces chars s'appelaient España Cañi, leSantander, leTeruel, le Guadalajara, premiers arrivés à la Mairie de Paris ce jour là!

  • C'est parfait, je vous remercie; vous n'avez vraiment pas besoin d'aide?

  • Qué no, qué no, qué no!

 

 

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