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Adios, recuerdos
23 mars 2012

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 Je me souviens d'un de mes élèves, Roger Feipel, qui faisait une fois et demi ma taille et mon poids me disant chaque matin:

-Mâââdâââme, est-ce que je peux distribuer les câââhiers. Il est vrai aussi que mon enseignement ne devait pas être très au point entre les différents groupes que je devais gérer, mais j'y mettais tout mon cœur.

Un matin, en ouvrant la porte de l'école, je vis un Monsieur en costume qui avait l'air d'attendre; il me demanda si j'étais bien Mademoiselle Pena. Croyant avoir à faire à un représentant, je lui répondis que je n'avais besoin de rien ce à quoi il rétorqua: je suis Monsieur Nicolay, Conseiller Pédagogique, et je viens vous inspecter!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!

 

Avant d'aller plus loin, je voudrais aussi vous présenter mon père que j'admirais pour des tas de qualités: l'intelligence de la vie, le combat pour survivre, la rage de vaincre, le sens du travail bien fait, la rapidité de ses décisions, pas toujours suffisamment mûries mais qui se révélaient pourtant les bonnes. Je pense à une de ses inventions qui aurait pu le rendre riche mais il s'est fait voler le brevet. Un jour, rue Jean-Jacques Rousseau où nous avions un minuscule jardin, nous le vîmes planter trois poteaux de plusieurs mètres de hauteur, environ quinze mètres au-dessus d'un puits qui contenait de l'eau, puis tout en haut il construisit une petite plate forme avec une écumoire et de là, il faisait couler le plomb fondu dans le puits. Il récoltait les plombs de chasse que les gens venaient d'assez loin pour lui acheter; j'en ai eu mal pour lui qu'il n'ait pas su gérer cette affaire. J'étais bien petite encore lorsque je l'ai vu faire des sandalettes en moleskine, qu'il allait vendre à la campagne chez les paysans contre du lait, des œufs, un peu de viande, tout ce dont ma mère pouvait avoir besoin; je ne me souviens pas avoie eu faim ou froid pendant cette période. Qui plus est ces sandalettes étaient ravissantes, je les ai dessinées pour que vous ayez une idée plus précise. Un magnifique cœur était placé sur le dessus et de là partaient des lanières, tenues par des rivets dorés et qui pouvaient changer de place à volonté. Il s'arrangeait toujours pour que les paysans soient contents? Un vrai bonheur! Il tirait sur une lanière, en relâchait une autre mais tout allait toujours bien! C'est dans ces occasions que j'ai goûté le lait fraîchement tiré et encore chaud. Berk!!!!!!!!! Mais nous revenions avec quelques morceaux de viande pour nourrir la famille.

Je n'ai que de vagues souvenirs de cette guerre. Les sirènes hurlant au petit matin, mon père me portant sur ses épaules et ma mère m'enveloppant dans une couverture puis nous quittions la maison en direction de la campagne. Une autre fois, c'était le largage de munitions et d'armes par un tout petit avion attendu par les résistants. C'est pour toutes ces choses que je garde une admiration sans bornes pour mon père.

 

 

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