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Adios, recuerdos
22 mars 2012

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 mit un bâton dans la bouche pour qu'elle le morde sans se les casser. Ils en réchappèrent. Les réfugiés, harassés, abandonnaient dans leur fuite ce qu'ils ne pouvaient plus porter. Cette horde peu barbare arriva dans une France qui se cherchait, se démantelait.

 

Les Brigades Internationales avec entre autres Malraux, qui étaient venues aider les républicains, étaient reparties sous les ovations du peuple espagnol et de Dolorès Ibarrury. Elles étaient rentrées dans leurs pays respectifs pour tenter d'apaiser les tensions faites à Léon Blum mais elles laissaient ainsi le champ libre aux fascistes de tous bords. Ils s'en donnèrent à cœur joie, à Malaga, Teruel ou Guernica et plus personne ne les défendait. Il faudra attendre que Pablo Picasso peigne Guernica afin que nul n'oublie; il a fallu que le royaume devint démocratique grâce à Juan Carlos, pour que Picasso accepte que sa toile la plus célèbre se retrouve chez elle en Espagne au Musée de la Reina Sofia à Madrid.

 

De l'autre côté des Pyrénées, la Croix Rouge Française était là pour distribuer un peu de nourriture. Mais il fallait bien loger ces rescapés. On les parqua à Collioures, Argelès sur mer, où Antonio Machado devait décéder. Par centaines, ils furent entassés sur le sable des plages avec des planches pour qu'ils se construisent des abris; celui dans lequel logera ma mère et ses deux enfants s'appellera la baracca, inutile de traduire. Petit à petit, les camps s'installèrent, les femmes et les enfants d'un côté, les hommes de l'autre. Ma mère nous raconta plus tard combien elle envia à cette époque ceux qui se parlaient par signes car ses signes à elle ne voulaient dire qu'une seule chose: nous sommes là. Dans ce no man's land, la vie s'organisa, elle s'organise toujours....Certains gendarmes apitoyés par la douleur et l'aspect misérable de ceux qu'ils devaient garder, prenaient les enfants et les emmenaient de l'autre côté des barbelés voir leurs pères. D'autres, des Sénégalais, pas de chance pour eux, lançaient les chiens au moindre écart. Ils seront haïs par tous.

 

Pour faire sortir les siens de ce camp, mon père s'engagea chez les FFI; ce papier que j'ai retrouvé dans ses affaires à sa mort, je le conserve pieusement. Toute la petite famille se retrouva bientôt à Domremy!! La petite Jeanne n'était plus là pour les prévenir que quelques semaines plus tard, le pays allait être ravagé par une horde bien plus barbare que ces espagnols chantant malgré la peur, le froid, la faim, la dysenterie. Lorsque les Allemands dévalèrent sur la France, ce fut une nouvelle fuite en avant pour mes parents qui se retrouvèrent dans une toute petite ville du centre du Massif Central: le Chambon Feugerolles, dont le maire, Monsieur Pétrus Faure, les accueillit et leur donna un lieu où survivre. Merci aux habitants de cette petite ville et surtout au docteur Arsac qui sauva mon père de la déportation et très probablement de la mort.

 

 

 

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