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Adios, recuerdos
22 mars 2012

chapitre1

 

 

 

 

Chapitre 1

 

 

 

Ma mère est morte seule, ou presque, avec des milliers de

regrets sur sa vie ratée. Elle savait lire mais pas écrire et ne s'exprimait qu'en termes violents qu'elle crachait volontiers sur tous ceux et celles qui n'abondaient pas dans son sens.

 

Je n'ai pas été désirée, à qui la faute? Je n'ai pas été non plus Poil de Carotte mais mon surnom fut pendant des années perejil. Les latinistes comprendront très vite: ce mot signifie en espagnol persil. C'était en son temps une méthode d'avortement. Le mot se rapproche assez bien aussi du mot péril. C'est ce que me mère employa pour me refuser la vie...sans succès. Elle aussi en réchappa heureusement bien que Simone Veil n'ait pas encore signé le manifeste des trois cent quarante trois salopes.

 

J'eus droit à un beau prénom, comme la moitié des filles d'Espagne: Pilar. Il signifie pilier et les Pilar sont des personnes sur lesquelles on peut s'appuyer car elles sont fidèles mais aussi très orgueilleuses. J'ai hérité de cet orgueil qui ne plaisante pas sur certains sujets; j'ai fait mien ce dicton populaire:

 

Qui me trompe une fois, honte à lui,

Qui me trompe deux fois, honte à moi!

 

Mes parents ont fui leur pays en 1 939 devant les forces phalangistes espagnoles, celles du petit généralissime Francisco Franco, dit Paquo, que Dieu n'ait pas son âme! Les forces phalangistes italiennes de Benito Mussolini et

les allemandes d' Hitler! Mon père, républicain et militant fut vite taxé de rouge ou de communiste et à cause de la défaite des siens, contraint de fuir sans savoir ce qui l'attendait de l'autre côté des Pyrénées. Ma mère suivit bien sûr avec leurs deux enfants, ma sœur Carmen, l'autre moitié de l'Espagne âgée de cinq ans et Lucio de trois ans son cadet.

 

Cette imposante montagne fut franchie tant bien que mal. Le dire ainsi est un doux euphémisme. Ma mère nous raconta plus tard, qu'au cours de leur fuite, ils s'étaient retrouvés près d'un terrain d'aviation pilonné par les avions. Les dents de ma mère claquaient tellement de peur que mon père lui

 

 

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