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Adios, recuerdos
26 mars 2012

14

 Ce frère, donc, dont je ne citerai le nom que contrainte et forcée, me coinçait derrière la lourde porte qui nous cachait aux yeux des autres et sans ménagement m'attirait pour tâter mes seins et mon entrejambe. Comme tout enfant à qui l'on ne dit rien, je ne savais pas ce qui se passait, je ne savais pas ce que je devais faire mais comme il se cachait chaque fois derrière cette porte, je n'osais en parler à personne et surtout pas à ma mère; de plus, je savais que je n'aimais pas ça. Un beau jour pour moi, je me débattis comme une lionne, réussissant à lui faire mal, j'ignore comment mais il s'arrêta là. Et j'ai gardé ce douloureux souvenir enfoui au plus profond de moi-même pendant des années sachant en plus qu'il me déstabilisait. Lorsqu'il y a une dizaine d'années, j'ai dû consulter une psychologue, j'ai tout de suite parlé de cette horreur pour me décharger de ce fardeau trop lourd. Sa réponse annihila tous mes espoirs:

  • Vous n'avez pas été violée, c'est juste le pipi caca des petits enfants!!

Peut-être, mais ce n'est pas comme ça que je l'ai vécu. La suite de mes rapports avec l'homme s'en ressentira.

 

En 1 949, le 31 juillet, date anniversaire de la naissance de ma mère, naquit Pedro Alberto, prénoms des deux grands pères, Pierre Albert, dit Pedrin, mon petit frère préféré car j'étais sa grande sœur et pouvait enfin donner un peu d'amour à ce petit être qui arrivait. Je l'aimais de tout mon cœur et cela n'a jamais changé. Ce petit dernier, adorable comme tous les petits derniers eut beaucoup de chance. Rien n'était trop beau pour lui; il eut des Noëls comme nous n'en avions jamais eus: un vélo, une mobylette puis un scooter. Nos Noëls à nous se résumaient en oranges, papillotes et notre père nous disait souvent que le père Noël ne passerait pas, parce qu'il n'avait pas le temps, parce qu'il faisait trop froid, qu'il avait oublié, nous avions le choix! Allez aimer cette fête après ça puisqu'elle ne représentait absolument rien pour nous qui n'étions pas catholiques. Nous partageâmes à trois notre premier vélo d'occasion, lorsque mon père rentra un jour beaucoup plus tôt que d'habitude; très fier, il exhiba sa monture qui roulait encore et sur laquelle après moultes gamelles, nous apprîmes tous à pédaler! Je n'ai jamais été jalouse de ce petit frère, hijo de viejos*, et même, je fus complice de ses carnets de notes trafiquées, encore et toujours la même peur et je n'étais plus là pour l'aider, complice aussi de ses premières amours avec une petite voisine qui n'avait, parce qu'elle était trop discrète aucun attrait pour ma mère. J'emmenais un jour mon petit frère faire un tour pour parler avec lui pour discuter librement et lui dis que lui seul avait la clé de son bonheur, qu'il devait s'imposer. Il se maria avec elle, eut deux beaux enfants, Emmanuel et Delphine. Il a toujours eu une place de choix dans mon cœur car il est avec sa femme Marie-Noëlle, l'image même de la bonté, celle qui n'attend rien en échange. De ces deux frères, vous l'avez compris, je n'aime que ce petit dernier; l'autre est inexistant pour moi.

 

 

*fils de vieux

 

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