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Adios, recuerdos
22 mars 2012

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 Je reçus très vite une réponse bien écrite avec la photo d'un tout jeune homme d'un mètre soixante et onze qui avait un brevet industriel, continuait à étudier en tant que pion dans un collège de la capitale quand ses parents vivaient à la campagne, à Ambatolampy (il va falloir vous habituer à la longueur des mots), après tout, certaines déclinaisons allemandes peuvent facilement rivaliser. Il me racontait lui aussi ses envies et nous commençâmes une correspondance avec des hauts et des bas.

Cette année de philosophie fut une année charnière pour moi avec un prof qui, hélas pour moi, m'avait pris sous son aile car elle était communiste et vu que j'étais fille de réfugiés politiques espagnols, toute l'année, mes devoirs me valurent des onze et des douze, alors que je ne les méritais pas. Le jour du bac, j'eus 8/20! Cela remettait les pendules à l'heure! Il est vrai aussi que je passais plus de temps à écrire à Venant Ramamonjisoa pendant les cours d'histoire et de géographie, à papoter avec mes amies qu'à travailler. Recalée au bac philo! Je ne pensais plus au train. Je convainquis mon père de me laisser partir en Moselle, département déficitaire en enseignants, et qui recrutait avec la première partie du bac.

Je repartis donc cette année dans deux colonies de vacances, en juillet à Pontcharra, en août à Meaubourg, un château au Chambon sur Lignon. C'est là que je rencontrais pour la première fois et la peur au ventre mon correspondant malgache. Nous nous étions donné rendez-vous à la gare de Lyon où il arrivait par le train et moi par le car. Il y a cinquante ans, ce n'était pas du tout évident de rencontrer un noir et je me demandais pendant tout le trajet ce que j'allais faire seule avec lui que je ne connaissais pas. J'arrivais à la gare à l'heure, fis un aller et retour pour voir si quelqu'un ressemblait à la photo que j'avais,regardant à droite, à gauche, rien. Je repris le car pour aller chez mes parents terminer ma journée de congé. Quand je rentrais le soir à la colonie, les monitrices m'assaillirent de questions: alors, comment il est, qu'avez-vous fait, quand vous revoyez-vous? Je coupais court à toutes les questions disant que je ne l'avais pas vu et que j'étais repartie. Ce fut la grosse déception. Je montais dans ma chambre, de mauvaise humeur, pendant que tout le monde allait dîner et que la veillée commençait. Vers vingt heures trente, une monitrice vint me chercher en me disant que mon correspondant était là; je crus à une mauvaise blague et je la rabrouai mais elle insista. Tremblant des pieds à la tête, je descendis pour le trouver au milieu des autres monitrices; il était allé jusqu'au bout de son idée et comme il connaissait l'adresse,il avait pris le dernier car qui arrivait à Meaubourg. Trop tard pour aller chercher un hôtel. Après quelque temps à se regarder et à discuter, la directrice me dit qu'elle le logeait pour une nuit en me demandant de le raccompagner le lendemain matin à l’arrêt du car avant que ne commence notre journée, ce que je fis, accompagnée d'une amie car je ne voulais pas être seule avec lui.

 

 

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