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 Vous achèterez aussi un artisanat riche et varié de bois, d'écailles de tortue, de cornes de zébus, de pierres semi-précieuses, d'autres précieuses, que l'on vous dévoilera en soulevant un chiffon sale ou à l'intérieur d'une vulgaire boite en carton. Vous apprendrez à connaître la citrine, du jaune le plus pâle au mordoré, l’améthyste, du parme au violet foncé, le béryl blanc, jaune, bleu ou vert, le grenat que vous pourrez même ramasser par terre près d'Ampanihy, ville célèbre aussi pour ses tapis mohair, des pierres brutes, grottes de célestite ou d’améthyste, taillées en cabochon ou façon diamant; pour peu que vous aimiez les pierres, vous saurez les saisir délicatement et correctement pour rechercher les crapauds qui les authentifient puisque ce sont les défauts naturels d'une pierre.

Dans chaque allée de cet immense marché, situé, lorsque j'y vivais, sur la Place de l'Indépendance, des étalages de broderies, de tricots, d'articles au crochet vous éblouiront. La dextérité de ces brodeuses, tricoteuses qui continuent à travailler assises dans un recoin de leur stand, attendant la venue de celui qui leur paiera, à vil prix, le salaire de deux à trois mois de travail. Plus loin, des jouets en raphia, girafes inconnues à Madagascar, crocodiles, voitures et autobus en métal recyclé ( boites de conserves) côtoient les œufs d'aépiornis, voisin de l'autruche qui a disparu au XV° siècle, reconstitués ou les œufs de dinosaures étalés sur tous les trottoirs de la capitale au vu et au su de tout le monde (devant la poste en face de la BMOI). Nous en avons acheté deux qui nous servaient de presse-livres mais la douane malgache a fait son travail et les deux os de dinosaures sont restés chez eux. Normal, mais je ne peux m'empêcher de penser que quelque ministre les a expédiés contre espèces sonnantes et trébuchantes dans un musée européen ou américain. IL en va de même pour la tortue d'eau empaillée que nous avions achetée en toute légalité. Deux ans plus tard, une loi interdisait son exportation. Pourtant tous les anciens de Madagascar se souviennent du crash de ce petit avion qui transportait... des noix de coco. On découvrit alors que les noix marchaient et avaient des écailles !! L'affaire fut rapidement étouffée. Mais revenons à notre zoma.

Sous de grands parasols, blancs à l'origine, vous verrez ces marchands manger d'énormes assiettées de riz avec de très rares et très petits bouts de viande noyés dans beaucoup de loaka, bouillon où l'on fait cuire des brèdes, sortes d'épinards. Ces familles de marchands sont là pour la majorité depuis la veille au soir, au milieu des tréteaux, exposées à toutes les intempéries. Personne ne bougera de sa place jusqu'au lendemain et il n'y aura ni bagarre, ni chahut, chacun faisant ce qu'il a à faire; au petit matin, au premier rayon de soleil, ils commenceront à déployer leurs marchandises, à organiser les échafaudages de fruits et légumes, à chasser les mouches de l'étalage de leurs poissons ou de leur viande; vous pourrez trouver tout ce que vous voulez, du mouchoir brodé au fer forgé, en passant par des travaux d'artistes et des livres, des chapeaux de paille, des dentelles raffinées, des outils pour l'agriculture, des instruments de musique, comme le valiha, tube de bambou sur lequel ont été fixées des cordes d'acier. Vous trouverez aussi des matelas et même des meubles. Pendant toute la journée, les bébés et les petits enfants resteront sans broncher dans leur caisse sous les tréteaux.

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